Adrien Gallo

Des babillages d’enfants, des arpèges de guitare à la cool, une flute tombée des cieux et un kazoo turbulent qui butine dans un jardin d’Eden reconstruit en miniature, rarement aurons-nous été si délicieusement accueillis à l’entrée d’un album. Un disque à rebours des frénésies contemporaines, à la recherche du temps suspendu, des arômes enivrants de lilas en fleurs et des mélodies nacrées apprises chez McCartney et dans le One year de Colin Blunstone. La mélodie pop, Adrien Gallo est tombé dedans tout petit, et même avant. Dans le ventre sa mère, il tambourinait à un concert d’Elton John à Bercy, impatient d’obtenir son premier piano (un jouet, forcément décevant, vite remplacé par un Pleyel, immense pour ses cinq ans mais pas pour son ambition). C’est sur ce piano qu’il a composé l’essentiel de Là où les saules ne pleurent pas.
C’est en solitaire aussi qu’il a imaginé les cordes qui enrubanneraient plus tard ses paroles déliées et délicates, pavanes aux amours défuntes et aubades à celles qui les ont remplacées, rêveries de clair de lune ou embolies romanesques à la Michel Legrand. De son plus lointain souvenir musical, Pierre et le loup de Prokofiev lors d’une classe d’éveil à l’âge de trois ans, il a conservé le goût des jeux d’instruments classiques qui dialoguent en harmonie. Tout au long de ce disque vibrant comme la vie, Gallo déploie bien des trésors que l’on pensait évaporés et fait renaitre la chanson pop en français en un mirage éblouissant. Christophe Conte